D.E.F.I.

     Ce mercredi 5 mars, le carême a commencé, dans une belle journée de prière et de jeûne, et j'étais assez surpris de voir une assemblée aussi nombreuse et priante à l'église d'Anse à la messe des cendres. Une assemblée où abondaient non seulement des familles, mais des jeunes, des adolescents, de 15, 18, 20 ans, une trentaine ou plus ... Étonnant!

     Et je pensais à ces versets de la Parole de Dieu, au libre d'Isaïe ch. 49, 18-21 "Lève les yeux alentour et regarde : tous, ils se rassemblent et viennent vers toi ... Les fils dont tu étais privée te diront de nouveau à l'oreille : "L'espace est trop étroit ^pour moi, fais-moi place, que je m'installe." Et tu diras en ton cœur : "Qui me les a enfantés, ceux-là? Privée d'enfants, j'étais stérile, j'étais bannie, rejetée, et ceux-là, qui les a élevés ?"

     Oui, ces jeunes - à part quelques-uns de l'aumônerie - d'où viennent-ils ? Nous n'avons pas été les chercher ... C'est le Seigneur qui trace son chemin dans leur cœur, et qui nous les amène. Il nous les confie. saurons-nous prendre soin d'eux ? C'est la grande question, le grand défi, posé à notre communauté paroissiale.

     Et je pense, non seulement à ces jeunes, mais aussi à de nombreux adultes, de tous âges, qui viennent et demandent le baptême : Karine, Jérémy, Charlotte, Laurine, Laurence ... Ou la confirmation, ou la 1ère des Communions : Djamila, Pierre, Marine, Matthieu, Irène, Amély, Marie-Désirée, Gaëtan ...

     Et j'ai l'impression qu'il en arrive sans cesse de nouveaux ! Cette situation me remplit de joie. Elle me rappelle une parole du Christ : "Ne dites-vous pas : "Encore quatre mois et ce sera la moisson" ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant, ... le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur." (Jn 4, 35-36). Oui, nous croyions que l’Église catholique était dans une période de récession inéluctable ("Privée d'enfants, j'étais stérile ..."). Nous pensions qu'il faudrait attendre encore longtemps pour que "ça reparte" (Encore 4 mois ..."). Et voilà qu'on se presse pour demander à l’Église de connaître le Christ, d'être initié à la foi et à la vie chrétienne !

     Alors cette situation me remplit de joie, - je le répète - mais aussi, de crainte ... Car saurons-nous relever le défi ? Comme le dit notre archevêque Mgr de Germay, "Il ne s'agit pas simplement de préparer des adultes au baptême, à la Confirmation, ou à la première communion, mais d'en faire des disciples ! C'est la mission même de l’Église (Cf : Mt 28,19 : "Allez, de toutes les nations faites des disciples !"). C'est une mission qui implique TOUTE la communauté. De plusieurs manières ...

     D'abord dans l'accueil. Les personnes dont j'ai cité les noms ci-dessus ne sont pas des gens très assurés quand ils viennent à l'église ... Ils ne connaissent pas "les codes", ils sont facilement intimidés, ne se sentent "pas légitimes", ils passeraient volontiers "dans un trou de souris" ... Saurons-nous les accueillir ? On ne les connaît pas, certes ... raison de plus pour aller à la rencontre de tout visage inconnu, d'engager la conversation, faire connaissance ... On n'imagine pas l'impact, pour un "nouveau", d'une telle conversation !

     Mais il y a aussi l'accompagnement de toutes ces personnes. Les accompagnateurs du groupe catéchuménat ne sont que 3 ! Il en faudrait au moins le double. De même pour le groupe de l'aumônerie, qui compte 6 animateurs. Il faudrait bien les doubler eux aussi. "Qui enverrais-je ? Qui ira pour nous ?" dit le Seigneur à son prophète (Is 6,8). C'est la question que je pose maintenant. Pas besoin d'avoir une licence de théologie ! Seulement de se rendre disponible, ouvrir son cœur, partager sa foi et ses questions, ses doutes aussi, oui, juste partager sa vie avec Jésus, si pauvre soit-elle. "Ce n'est pas à cause d'une capacité personnelle que nous pourrions nous attribuer : notre capacité vient de Dieu, qui nous a rendus capables d'être les serviteurs d'une Alliance nouvelle" disait St Paul (2 Co 3,5). Que chaque chrétien, chaque disciple qui se sent interpellé, vienne me rencontrer, nous verrons comment avancer.

     Bon Carême à chacun, belle montée vers Pâques.

     P. Pascal Desquilbet, CCN